mercredi 1 août 2007

Bras de fer entre Varsovie et Bruxelles


Aujourd’hui 1er août 2007 doit reprendre la construction d’un tronçon d’autoroute très controversé : la Pologne prévoit de relier par une autoroute son territoire aux États baltes. Le contentieux se situe sur un tronçon de 40 km passant dans la vallée de Rospuda pour contourner la ville d’Augustow. Mais cette vallée abrite une faune d’une rare diversité en Europe, la construction du tronçon modifierait et bouleverserait totalement l’équilibre naturel du site. Bruxelles avait déjà obligé la GDDKIA (direction nationale des routes en Pologne) à stopper les travaux pendant la période de nidification des oiseaux. Les travaux ont donc été repoussés jusqu’à aujourd’hui où Varsovie est bien décidée à reprendre la construction. Stavros Dimas, commissaire à l’environnement commente : “Il est regrettable que la Pologne ait décidé de poursuivre la construction de cette nouvelle route à travers la vallée de Rospuda. J'espère que la Pologne reconsidérera sa décision avant que des dommages irréparables ne soient causés
De leur côté, les autorités polonaises estiment respecter le droit communautaire par des mesures compensatoires telles que la plantation d’arbres et l’entretien des prairies humides.

Au delà de l’aspect anecdotique du différend, ce sont deux problèmes de la construction européenne qui sont ici pointés. Tout d’abord, la notion d’écologie chère à l’Europe occidentale depuis quelques années ne jouit pas de la même popularité en Europe de l’est. La tradition soviétique il n’y a guère plus de 20 ans avait pour ambition de transformer la nature, de remodeler physiquement le monde là où l’Europe de l’ouest voulait protéger, conserver, entretenir. Il y a donc deux visions différentes, l’une afférente à la tradition du compromis et l’autre à celle du chamboulement. Que ce soit ici avec l’écologie ou sur d’autres sujets, ces deux visions occupent une grande partie des débats européens et il faudra adapter les institutions de manière à minimiser les désaccords possibles sans toutefois étouffer les compétences décisionnelles des États. Par exemple, le choix de la majorité qualifiée dans le mini-traité participera à maximiser ces désaccord puisque le poids électoral d’un député n’étant pas le même pour tous, certains députés de l’est ou de l’ouest jouiront d’une surreprésentation. Le débat sera donc centré exclusivement sur les clivages entre les conflits d’intérêt de quelques députés. Pour recouvrer l’équilibre, il eut fallu que les régions les plus peuplées disposent d’avantage de députés que les régions moins peuplées, ainsi le débat respecterait les réalités démographiques et ne se concentrerait pas les différences de vision entre quelques personnalités.

Un autre problème est cerné par l’actualité : l’ubiquité de Bruxelles dans les décisions nationales. C’est paradoxalement dans une confédération que l’autorité supérieure va vouloir le plus souvent se mêler des affaires nationales et ce pour faire valoir son existence malgré sa faiblesse. Ainsi les pêcheurs européens de la Méditerranée subissent d’importantes restrictions dans leurs quotas de pêche par Bruxelles qui, dans le même temps, n’a pas suffisamment d’autorité pour réglementer l’activité des pêcheurs japonais, algériens, tunisiens ou égyptiens dans les mêmes zones. Rattrapés par ses incohérences, la logique confédérale devra évoluer et répartir ses compétences décisionnelles pour ne pas commettre d’autres erreurs dans sa politique.

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